Maisons et Familles
A CASA MORLA
Cette très belle maison de maître située lieu dit Paganacce, accueillera bientôt un nouveau maître dans la discipline hôtelière qui aura à coeur de conseiller des hôtes en quête de «Luxe, calme et volupté...» parmi tout un éventail de services digne d'un hôtel de charme 4**** et dont le nom sera U Palazzu Serenu.
Ce maître hôtelier ne manquera certainement pas d'évoquer dans un premier temps la légende d'un passage souterrain proche de la maison qui mènerait jusqu'au couvent Saint François. Egarés dans le jardin à la recherche de ce passage mystérieux, suivons plutôt notre guide vers une passerelle dans le temps et laissons-nous conter l'histoire des anciens maîtres des lieux : la famille de Morlas.
Cette famille, reconnue noble par arrêt du Conseil Supérieur de la Corse en 1772, compte parmi ses membres les descendants de représentants génois notamment podestats en poste à Bastia.
A Oletta, Michele de Morlas (1756, Oletta) fut successivement sous-lieutenant à la Légion Corse en 1772 et capitaine au 4ème bataillon de chasseurs en 1791. Au cours des années 1770, Anna Margarita de Morlas d'Oletta est admise comme pensionnaire dans la prestigieuse école de Saint Cyr (Maison Royale de Saint Louis), chargée de l'éducation des jeunes filles de la noblesse.
Vincenzo de Morlas, titulaire de la Légion d'Honneur, né à Bastia le 26 septembre 1788, exerça les fonctions de maire
La maison de la famille Morlas est typique de l'architecture des maisons de notables corses du 19e siècle. Elle puise son inspiration dans le style néoclassique qui avait cours en Toscane, à cette époque. Massive, de plan rectangulaire, elle est érigée sur un terrain qui s'étage en terrasse. La déclivité de la parcelle implique que la façade donnant sur la route compte un niveau de plus, formant soubassement. L'imposant bâtiment actuel semble homogène, pourtant, il est constitué d'une grande maison ancienne (du XVIIe ou du XVIIIe siècle) agrandie postérieurement. Le ravalement complet des façades a si bien unifié les surfaces murales qu'il est impossible aujourd'hui de discerner (vu de l'extérieur) quelles sont les parties anciennes et quels sont les ajouts.
La façade la plus intéressante, opposée à celle qui donne sur la grille d'entrée, compte trois étages sur un haut soubassement aveugle, précédé d'un perron de 14 marches. Cette façade s'étire en largeur sur 5 travées de fenêtres. Une modénature sobre et élégante (bandeau, corniches) entoure les divers percements, et souligne les étages ainsi que la base du toit. La surface murale colorée est mise en valeur par le blanc des diverses corniches et moulures. A droite, une tourelle de plan carré, surmontée de créneaux, confère à l'ensemble des allures de château. A Casa Morla d'Oletta en 1848 et de conseiller général de la Corse. Il épousa la soeur du Général Francis de Rivarola, la comtesse Maria Teresa le 5 février 1811. Le couple eut plusieurs enfants : Emile de Morlas (1823- 1900), Rose Pamela de Morlas (1824-1871), Adélaïde de Morlas (1821-1904), Antoine de Morlas (1825-1892) et Louise de Morlas.
Le fils d'Emile, Vincent Georges de Morlas, eut l'honneur d'avoir pour marraine la princesse Mathilde-Letizia Wilhemine Bonaparte dite «la princesse Mathile».
MAISON DE VIDAU
A la lecture des registres de l’état civil et des registres paroissiaux de la commune d’Oletta nous permet de revivre le moment de leur rédaction en livrant tout leur caractère officiel.
C’est un jour solennel que ce jour du 10 avril 1829. Les bans publiés aux portes de l’église depuis quelques jours l’annonçaient.
Aujourd’hui c’est le jour du mariage de Charles Fredien de Vidau et de Marie Claude Santamaria. Une particule s’agrège à la construction située à côté de l’église, quartier Santamaria, on parle désormais de la maison de Vidau.
Le père du marié a fêté ses 80 ans cette année, Jean Antoine Fredien Vidau, dit le comte Frédien Vidau époux de Maria Lodovica Alessandrini a été Avocat en 1779, puis bâtonnier des avocats. Il a été nommé procureur du Roi en 1782.
C’est en 1803 qu’il reçut le titre de comte romain. Appelé au service de la soeur de Napoléon, Elisa Baciocchi, grande duchesse de Toscane en 1807 en qualité de Conseiller d’état, il était alors chargé de réformer la justice. De retour à Bastia en 1814 où la révolte gronde, il y est élu président du "Comité supérieur de la ville de Bastia, capitale du royaume de Corse". Maire de Bastia de 1821 à 1828. Chevalier de l'Ordre Royal de la Légion d'Honneuren 1821» .
En ce jour de célébration, le cortège a de l’allure. On aperçoit les témoins : monsieur le Baron Galeazzini Jean Baptiste venu de Bastia, Louis Etienne de Vidau, écuyer, capitaine de cavallerie frère de l’époux, le baron Orsatelli Eugène, neveu de l’époux ou encore Joseph de Morlas, écuyer.
Quatre ans plus tard un autre mariage dans la famille créa un lien supplémentaire avec Oletta, celui de Frédien Louis Félix de Vidau, dit Fredianino avec Etiennette de Rivarola (1809-1852) dite Fanny.
La maison de Vidau appartient aujourd’hui a Anne Sogno Bezza qui la restaure passionnément depuis quelques années. Elle y a installé son cabinet d’haptonomie.
Le château Cavallacce
Le château du quartier
« guado-in-Là » bénéficie d’un second souffle grâce à un formidable travail de restauration qui lui redonne son aspect d’origine et son lustre d’antan.
Le patronyme
Marinacce-Cavallacce est particulièrement associé à l’histoire de cette maison appelée le «château».
Certains membres de cette famille exercèrent de hautes fonctions d’état et se distinguèrent à travers le monde en figurant ainsi parmi les meilleurs ambassadeurs du village d’Oletta. Jean Baptiste Charles Félix Egide Marinacce dont le nom maternel Cavallacce vint s’adjoindre par jugement du tribunal civil de Bastia en 1896 était le fils de Paul Mathieu Marinacce, notaire et maire d’Oletta, et de Marie Augustine Cavallacce. Il fut successivement consul de France à Tanger, à Cadix et à Kharkov avant d’occuper le poste de ministre plénipotentiaire à Cuba où il mourut en 1921. Il épousa Marjory Isabelle Wilson fille de Adam Wilson et de Grace Brandt, à Tanger, le 26 juillet 1899. La cérémonie eut lieu dans la chapelle Buenaventura.
Citons également l’oncle de Jean Baptiste Marinacce-Cavallacce, Charles François Cavallacce, né à Oletta le 15 août 1836, qui fut décoré de la Légion d’honneur, Consul Général en poste à Madrid. Tous deux reposent dans le tombeau familial, non loin de la maison, construit en 1887 par Pancrace Cavallacce.
D’élégantes balustrades jouent avec la lumière et servent de garde corps de part et d’autre du porche de l’entrée.
Le château Marinacce-Cavallacce s’inscrit dans un style particulier que l’on appelle
«l’architecture de villégiature». Il évoque d’innombrables villas construites au bord de la Méditerranée, tant en France qu’en Italie. Dans le courant des années 1870-1910, des architectes ont donné libre cours à leur fantaisie. Ils ont réalisé, à la demande de commanditaires fortunés, des villas aux plans complexes dont la volumétrie fait la part belle aux asymétries et dont les façades ont reçu des décors soignés.
On cherchait alors à construire des bâtiments tourmentés, pittoresques, ayant du caractère. En Corse, des édifices de même style se trouvent à Ajaccio ou dans le Cap Corse (Morsiglia, Château Fantauzzi).
Le château Marinacce-Cavallacce se développe sur 4 niveaux. Un niveau de caves, semi enterrée permet de surélever le rezde- chaussée occupé par les pièces de réception et de ménager ainsi astucieusement un accès monumental avec escalier et porche devant l’entrée principale.
Les façades, contrastées et asymétriques, sont percées de nombreuses fenêtres, larges pour les pièces principales et étroites pour les pièces de service. La forme des baies est variée et les arcs en plein-cintre rivalisent avec les linteaux des fenêtres rectangulaires. Les murs sont animés d’une modénature claire (corniches, consoles, bandeaux et appuis de fenêtre moulurés) qui est mise en valeur par le jaune des murs. Une large frise peinte agrémente et souligne la base des toits en pavillons dont les pentes sont couvertes de tuiles rouges. Un balcon, aménagé au dessus du porche d’entrée ainsi qu’un belvédère couvert en pavillon permettent de jouir de la vue.